C'est l'histoire d'un cultivar (terme technique en usage chez les agronomes) millénaire, aux innombrables vertus, parfaitement domestiqué en Asie mais quasiment inconnu des Africains. Et il n'y a pas que lui : on pourrait également citer le soja, source de protéines éminemment renouvelable et bon marché car végétale. Et là, on s'interroge : "mais à quoi peuvent bien servir tous les ingénieurs agronomes africains, tous ces coopérants internationaux, toutes ces ONG, locales ou étrangères, qui sillonnent l'Afrique de part en part ?".
La suite est une histoire presque sans paroles.
Comme on peut le constater ci-dessus, le bambou frais est gorgé de chlorophylle, d'où sa couleur verte. Une fois sec, il prend une couleur foncée tirant vers le marron. Et ce bambou sec peut être un excellent combustible, en clair, il pourrait utilement remplacer tout ce bois que les paysans du Tiers-monde transforment en charbon pour les besoins de la cuisine, aux dépens de leurs forêts !
Du coup, on ne comprend pas très bien pourquoi les agences internationales chargées du développement (pour faire court, les agences onusiennes) ne font quasiment rien pour promouvoir l'usage universel du bambou dans la lutte contre la déforestation.
Des femmes qui cheminent à travers une savane presque désertifiée ; on se doute bien de ce qu'elles portent sur la tête : de l'eau récoltée à des heures de marche de leur village ; en d'autres occasions, ce sont des fagots de branchages glanés ça et là, toujours plus loin...
Quant au reste, examinez bien les images ci-dessus : des animaux crevés, au propre comme au figuré, une paysanne qui exhibe, à titre de comparaison, du maïs d'avant et d'après la sécheresse et, partout, cette impression de désolation. Et pourtant, en regardant bien, on se dit "C'est quand même incroyable !".
Ce qui est incroyable est que ces paysages désolés recèlent de grosses quantités d'eau ! Vous ne voyez pas d'eau ? Il y en a pourtant partout ! Prenez la paysanne aux épis de maïs : ce paysage derrière elle, il comporte bien des arbres, non ? Et sur les autres images, vous ne voyez pas les arbres ? Et sur celle qui suit non plus ?
Ces deux jeunes filles que l'on aperçoit à droite, sur la dernière image, portant sur la tête ce qui ressemble fort à des bassines remplies d'eau, savent-elles qu'à quelques mètres sous leurs pieds, il y a de l'eau à profusion ?
Il se trouve simplement que tout(e) bon(ne) collégien(ne) ayant bien suivi ses cours de sciences naturelles sait que le vert des plantes provient de la photosynthèse, laquelle ne se fait qu'en présence d'eau... En clair, s'il y a des arbres dans ces paysages, a fortiori couverts d'une frondaison bien verte, c'est qu'il y a de l'eau... dans le sous-sol. Et si le système racinaire des arbres est capable de plonger dans le sol pour y rencontrer de l'eau, alors des équipes techniques dûment outillées devraient pouvoir creuser le sol sur les mètres à dizaines de mètres nécessaires pour y dénicher assez d'eau pour faire reverdir ces contrées. Et pour faire reverdir ces contrées, on pourrait commencer par y planter, devinez quoi ?, du bambou ! Par parenthèse, savez-vous qu'en Asie, les tiges de bambou fendues dans le sens de la longueur puis évidées peuvent servir à réaliser des systèmes d'irrigation capables de transporter de l'eau sur de grandes distances ?
En un mot comme en cent, ces paysans africains que l'on aperçoit ci-dessus ne sont pas tant victimes de la sécheresse que de l'incurie d'élites bardées de diplômes mais malheureusement dénuées de toute imagination et de tout esprit d'innovation, alors même qu'il n'y a rien à inventer, les modèles fonctionnant déjà ailleurs !
Voilà qui nous a inspiré une petite simulation de ce qu'il serait possible d'obtenir en quelques mois avec de l'eau pompée dans le sous-sol, des semences d'herbe et quelques pousses de bambou...
Dans le même ordre d'idée, sachant que les images qui suivent proviennent de régions de l'Afrique où il pleut abondamment, en tout cas, fort éloignées de tout désert, imaginons ce qu'on pourrait y faire avec des forêts de bambou, juste à côté de ces hameaux...
Pour mémoire, ceci est un bosquet de bambous vieux d'à peine un an, bosquet planté quelque part en... Californie.
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