Je ne vous apprends rien : quand on considère la masse de conflits qui continuent d'agiter le continent africain du Nord au Sud et de l'Est à l'Ouest, force est de constater que les armées africaines, qu'elles soient officielles ou "rebelles", ne manquent pas d'armes ; sur ce plan, tout le monde semble tout à fait solvable. Pour le reste, les biens d'équipements et les projets de développement, c'est toujours la même histoire : vivement l'aide au Tiers-monde et le recours aux ONG étrangères !
Le sous-équipement énergétique est bien un des marqueurs essentiels du sous-développement durable qui mine l'Afrique, à côté du médiocre approvisionnement en eau potable, de la médiocrité de l'habitat, des mauvais moyens de transports, des minables conditions de santé, de l'analphabétisme, etc.
Vous avez forcément vu, au beau milieu d'un reportage en Afrique, ces écoliers contraints d'aller, à la nuit tombée, s'agglutiner sous un réverbère, pour bénéficier d'un maigre éclairage susceptible de leur permettre d'apprendre leurs leçons. Ces écoliers vivent dans des cases sans eau ni électricité.
Par ailleurs, toutes les capitales africaines connaissent cette plaie endémique qu'est la coupure intempestive de courant, due à la vétusté des installations, à des pénuries de carburant - les centrales énergétiques étant très souvent alimentées par du fioul -, mais aussi à un urbanisme anarchique, qui voit la population des villes gonflée par le bourgeonnement des bidonvilles. Et lorsqu'on connaît la situation des capitales, on imagine aisément celle des bourgs disséminés au sein du continent et, a fortiori, celle de villages coupés de tout.
Seulement voilà : les nouvelles technologies progressent partout, et à l'instar de la démocratisation du téléphone portable, qui permet désormais de désenclaver les plus lointains villages, même en l'absence de lignes téléphoniques à l'ancienne, quelques décimètres carrés de plaques de verre permettent déjà d'apporter l'électricité au fin fond des campagnes du monde.
Le fait est que la cellule dite "photovoltaïque" se démocratise, ainsi que le suggèrent les images qui suivent.
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Comme on peut le voir sur la toute dernière image (Afrique du Sud), l'énergie solaire a commencé par être déployée sur d'immenses espaces de concentration de panneaux solaires, servant surtout à alimenter des villes et des zones industrielles. Mais on voit bien que l'alimentation électrique d'un habitat dispersé passe par des solutions locales, maison par maison, comme on pouvait le lire ci-dessous, dès 2005. |
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La technologie se démocratisant, nombreux sont les pays dits "émergents" qui ont sauté le pas, comme ci-dessous, l'Inde.
De l'électricité jusqu'au plus profond des campagnes, ce qui va amener une question toute simple : et l'Afrique dans tout ça, ce continent habitué à être toujours à la remorque du reste du monde, et qui ne compte pas moins de trois déserts : Sahara, Ténéré, Kalahari ?
Il y a plein de projets, bien évidemment, souvent de caractère pharaonique, comme l'usine de panneaux voltaïques sud-africaine représentée plus haut, et bâtie sur le même modèle qu'une autre installation gigantesque basée dans le Sahara marocain. Des installations surtout destinées à alimenter les grands centres urbains.
Et les villages dans tout ça ? Les images qui suivent sont une illustration des programmes entrepris ça et là.
Observons, en passant, qu'à elle seule, l'électrification des villages grâce au soleil ne réglera pas tous les problèmes, à commencer par celui de l'eau, de l'équipement en écoles (donc en enseignants), en institutions de santé (donc en médecins et personnels soignants), en transports et ressources alimentaires de qualité, de même qu'une plaque de panneaux solaires installés sur une masure risque fort d'entraîner l'effondrement de la bicoque en question.
Je tombe, un jour, sur un intéressant reportage sur un site en ligne, concernant le chanteur de hip-hop Akon, qui s'est découvert une passion pour l'énergie photovoltaïque mise au service du plus grand nombre.
Détail intéressant, à la différence de beaucoup d'autres, pour lesquels le développement doit d'abord profiter aux villes, lesquelles ne sont plus souvent que de mauvaises copies des mégapoles européennes, Akon pense d'abord aux paysans africains. Ce qui suit est la traduction d'un extrait de l'article évoqué.
Les célébrités associent souvent leur nom et leur image à des causes ou développent des projets centrés sur l’un ou l’autre de leurs dadas, mais pour le chanteur sénégalo-américain Akon, la question de l'amélioration de l’accès à l'énergie lui tient particulièrement à cœur et a constitué l’une de ses principales occupations durant les deux dernières années.
Akon, qui a passé une partie de son enfance au Sénégal, dans des habitations sans accès à l'électricité, a lancé le programme « Akon Lighting Africa » (Akon éclaire l’Afrique), une initiative visant à apporter l'énergie solaire au continent, et intervenue il y a un an environ.
"Il y a toujours eu des tas d'initiatives en Afrique, avec énormément d’argent investi, mais tout ça n’a donné aucun résultat, au point qu’on finit par se lasser de tous ces projets.", a déclaré Akon lors d’une récente interview. "J’en ai réellement fait une affaire personnelle et j’ai voulu être dans une position telle que si j’entreprends quelque chose, je dois en constater les résultats palpables sur le terrain."
L'initiative vise avant tout les communautés rurales qui ne sont pas reliées au réseau électrique et s’efforce de trouver des participations financières, le but étant de réduire les coûts de manière à rendre l’électricité accessible au plus grand nombre. (Source) |
Les solutions existent, donc, et l'initative d'Akon est d'autant plus intéressante qu'elle émane de quelqu'un chez qui l'on ne saurait soupçonner la moindre arrière-pensée. Il n'empêche que l'Afrique reste encore à la traîne, certains de ses dirigeants n'ayant pas encore compris qu'on avait changé d'époque. Ici et là, on installe des panneaux photovoltaïques, alors même que non loin de là, les gens manquent de l'essentiel : nourriture, habitat, soins médicaux... de qualité !
Le problème, avec le "sous-développement durable", c'est qu'il y a toujours un arbre qui risque de cacher la forêt. Voyez plus haut ce camion livrant un panneau photovoltaïque dans un village, alors même que des enfants se baladent pieds nus et plus ou moins dévêtus. Quant aux habitations censées supporter ces panneaux photovoltaïques, il faudra quand même qu'elles présentent une certaine solidité, sous peine d'effondrement. À elle seule, l'électricité photovoltaïque ne saurait être la solution à tous les maux. Voyez l'image qui suit...
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