Une petite tournée en Asie pour nos agronomes ! Pourquoi si loin, au fait ?
Il semble que notre agronome de formation belgo-congolais évoqué plus haut ne connaisse pas bien Paris et son salon annuel de l'agriculture, bien que la Belgique soit à moins de trois heures de Paris par le Thalys. Mais bon...
Le salon parisien de l'agriculture ? On dit que c'est la plus grande ferme du monde, probablement par le nombre et la variété des animaux exposés, certainement pas par la superficie ; pensons aux fermes nord-américaines ou aux haciendas argentines.
D'aucuns vont s'interroger : "mais qu'est-ce qu'il a, donc, de si intéressant, ce salon de l'agriculture parisien ?". Il a ceci d'intéressant qu'on peut y manger toutes les nourritures produites en France, par exemple tous les produits agro-alimentaires issus des provinces françaises, dans un pavillon expressément dédié à ces terroirs français, dont font partie les départements et territoires d'Outre-mer.
Le fait est que Guyane, Antilles, Nouvelle Calédonie, Polynésie, Réunion... jouissent d'un climat proche de celui de l'Afrique, Guyane et Antilles se trouvant quasiment à la même latitude que l'Afrique centrale, donc que les plantations de notre agronome de formation belgo-congolais. Et en visitant les stands de l'Outre-mer du salon de l'agriculture, on ne peut s'empêcher de s'extasier, et de se désoler en même temps, devant la multitude de produits alimentaires que l'on trouve sur les marchés de l'Outre-mer français. Et c'est là qu'on se demande pourquoi diable les paysans africains ne prennent pas exemple sur leurs cousins des Amériques et d'ailleurs !
Prenez les fruits et légumes : avez-vous remarqué que notre agronome belgo-congolais de formation n'a rien d'autre à livrer aux marchés congolais que du manioc ? Le manioc ! Ce tubercule plein de sucre (l'amidon, c'est du sucre !) qui requiert des heures de préparation pour le rendre à peu près comestible, le tout pour un bilan nutritionnel plutôt réduit ! On en trouve aussi aux Antilles, en Guyane (la fameuse kassav) et ailleurs, mais on y trouve aussi bien plus de choses : poivron, igname, tarot, patate douce, concombre, courge, potiron, lentilles, petits pois, betterave, poireau, navet..., ainsi que tous ces fruits : melon, corossol, goyave, carembole, litchi, kiwi, grenade, ananas, mangoustan, framboise, fraise, cerise, papaye, mandarine, clémentine, orange, pamplemousse, mangue, avocat..., sans oublier toutes les variétés de bananes, ce qui vous donne des marchés tellement colorés !
Par parenthèse, n'oublions jamais tout ce que, bien avant l'arrivée de Christophe Colomb, les talentueux paysans-agronomes du continent méso et sud-américain, ces Amérindiens qualifiés de "sauvages" par de pseudo-civilisateurs, nous ont légué sur le plan alimentaire : l'arachide, des dizaines de variétés de pomme de terre, le cacao, le maïs, sans omettre... le fameux manioc, si cher aux Africains ! Fort curieusement, ces derniers adopteront ce tubercule bourré d'amidon, passant complètement à côté d'un cultivar bien plus intéressant, de mon point de vue, sur le plan nutritionnel : la pomme de terre !
1492. C'est l'année du premier débarquement de Christophe Colomb sur une plage américaine. Et il s'y trouvait déjà des agronomes fort imaginatifs auxquels nous devons tant de bonnes choses. Et il serait grand temps que les agronomes africains réalisent que, sur le plan alimentaire, il n'y a pas que le mil, le sorgho ou le manioc !
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