Quelque part en RDC, une parcelle de 22000 hectares, soit 220 km², bien plus que la superficie de Paris, dit l'article. Et que cultive-t-on d'intéressant sur ladite parcelle ? Sur le plan alimentaire, essentiellement du manioc. Et pourquoi pas ?, diront certains. Le problème est que la RDC ne manque pas de manioc, dès lors que les Africains, c'est bien connu, sont des monomaniaques de l'alimentation : couscous au nord du Sahara, mil et sorgho dans le Sahel, manioc et banane dans la zone forestière, riz (importé) un peu partout. Ça donne une alimentation répétitive, peu variée, et particulièrement pauvre en fruits et légumes.
Et c'est là qu'on se dit qu'il est fort dommage que les Africains observent si peu les peuples qu'ils côtoient ou qui les entourent ; sinon, ils sauraient qu'une motivation majeure du touriste de base, outre la visite des monuments et des sites naturels, c'est la gastronomie.
Le fait est que la gastronomie occidentale raffole des produits exotiques, notamment les fruits et légumes. Faut-il voir dans une certaine pauvreté - voire une pauvreté certaine - de l'offre alimentaire les raisons de l'ostracisme que les touristes manifestent généralement à l'égard de la plupart des pays africains, notamment d'Afrique noire, Kenya et Afrique du Sud exceptés ?
Faites-vous une idée de ce qu'avec un peu d'imagination, notre agronome de formation congolais et son associé pourraient produire en variétés de plantes de toutes sortes sur leurs 220 km², à raison d'une culture différente sur chaque km² (100 hectares) : plus de 200 variétés d'essences de bois, bambou, plantes ornementales (ex. cactées, orchidées), aromatiques (anis, vanille, etc.), condiments (poivre, piment, cumin...), et médicinales, variétés pour la parfumerie et les cosmétiques, légumes, fruits, agrumes (orange, mandarine, clémentine, pamplemousse), céréales, oléagineux (ex. colza, arachide, tournesol), soja, hévéa, étangs pour la pisciculture (*), prairies fleuries destinées à l'apiculture (les Africains sont nombreux à connaître le miel sauvage, mais pas l'élevage des abeilles), cultivars générateurs d'agrocarburants (canne à sucre, colza, betterave sucrière) (**), avocat, thé, café, cacao, etc., le tout à une échelle quasi-industrielle. Voilà le genre de choses que moi, j'expérimenterais volontiers si j'étais l'heureux agronome propriétaire, quelque part sous l'équateur, donc en pleine zone humide, d'une énorme parcelle de 220 km² !
Quant à la gastronomie, avis aux agronomes africains ne connaissant pas très bien les goûts et couleurs en vigueur chez les potentiels touristes occidentaux et orientaux : le catalogue d'images qui suit rend assez bien compte de ce que les restaurateurs africains doivent afficher sur leurs menus pour épater des touristes (européens, asiatiques, américains, océaniens) toujours plus exigeants : des fruits et légumes qu'on trouve en grande quantité aux Antilles, en Guyane, à la Réunion, à l'Île Maurice, aux Seychelles, en Polynésie et dans tant d'autres destinations très prisées des touristes. (***)
La petite galerie d'images qui précède vous montre, a contrario, à quel point la "gastronomie" africaine, absente de cette présentation, est pauvre en variété, pauvre en couleurs, pauvre en fruits et légumes, et partant, pauvre en salades, soupes, desserts, sorbets, cocktails..., toutes choses que les habitants des autres continents, et singulièrement les touristes - clientèle aisée habituée au confort des hôtels et restaurants étoilés - tiennent à voir figurer dans leurs menus. Et pourtant, avec l'immense diversité de populations, de sols et de climats qu'on trouve entre Méditerranée et Cap de Bonne Espérance, d'une part, et entre Îles du Cap-Vert et Océan Indien, d'autre part, tout ce qui pousse à travers le monde devrait pouvoir être cultivé en Afrique !
(Lecture)
(*) Il est un terroir français indissolublement lié à la pratique de la pisciculture : la Dombes, domaine localisé en Bourgogne et où, durant des siècles, les moines ont aménagé de nombreux étangs produisant, chaque année, des centaines de tonnes de poissons d'eau douce.
(**) "Avec un hectare de betteraves sucrières, on peut produire suffisamment de carburant pour faire rouler un véhicule automobile standard sur 100.000 km." (journal télévisé, France 2, 13h, 03.12.2015). Il se trouve simplement que la RDC, tout comme la Mauritanie, le Maroc, la Tunisie, l'Egypte, le Mali, le Sénégal, le Niger (malgré l'uranium), l'Ethiopie, la Namibie, le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie, le Zimbabwe... sont des pays dénués de toute ressource énergétique, donc contraints d'importer du pétrole. Quant à l'exploitation des agrocarburants, demandez donc aux Brésiliens, la différence - essentielle - entre Afrique et Brésil étant qu'ici, pas de forêt amazonienne à saccager, tant on dispose de savanes voire de déserts qui ne demandent qu'à refleurir !
(***) L'Île de Saint-Martin, aux Antilles, peuplée de 30.000 habitants environ, reçoit 900.000 touristes (= 30 fois sa population) chaque année, soit trois fois plus de visiteurs que le Sénégal, par exemple. C'est comme si le Gabon recevait près de quarante millions de touristes par an !
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