Voir des Africain(e)s, toujours jeunes, embarquer dans des coquilles de noix pour traverser la Méditerranée, après avoir fait de la marche à pied à travers savanes et déserts, le tout à la recherche d'un hypothétique eldorado qui ne saurait se trouver qu'en Europe, voilà qui ne peut que scandaliser tout esprit rationnel de même que l'on reste pantois devant tant de naïveté voire de bêtise de la part de ces malheureux, qui préfèrent vivre comme esclaves chez les autres plutôt qu'en hommes libres chez eux !
Et pourtant, en Afrique, continent ne comptant, paraît-il, que pour 2 % du commerce mondial, pour une population voisine de celle de la Chine, les perspectives de développement sont forcément immenses compte tenu de tout ce qu'il reste à faire en matière d'équipements et de mise en valeur des matières premières ainsi que des potentialités touristiques offertes par un milieu naturel à nul autre pareil.
C'est dire si, avec un peu d'imagination, les perspectives de créations d'activités, donc d'emplois, sont incommensurables. Mais encore faut-il, pour ce faire, que les jeunes Africains se prennent en charge, au lieu de toujours compter sur la soi-disant "aide au développement" promise par tant de pays "développés", aide dont le bilan, aujourd'hui même, est plus que discutable.
Et comme preuve que les projets ne manquent pas, commençons par quelque chose de très simple à mettre en oeuvre, puisque les retombées peuvent en être retirées dans un laps de temps de quelques semaines : la culture du bambou.
Il suffit de se rendre en Asie - au besoin via l'Internet -, et tout particulièrement dans sa partie la moins industrialisée : le Sud-est, a fortiori dans les régions les moins urbanisées de la Thaïlande, du Laos, de Bali, du Cambodge ou du Viet-nâm pour vérifier que le bambou y est à l'origine d'une multitude d'activités dont l'intérêt économique et culturel est indéniable.
Dans la pratique, face au marasme de très nombreux jeunes, victimes du chômage, cette plaie des économies modernes - notamment à cause de l'excès d'urbanisation (à la campagne, au moins, on peut cultiver la terre, chasser ou pêcher pour se nourrir !) - voici quelques activités que l'on pourrait suggérer à des habitant(e)s motivé(e)s de pays en voie de développement, voire de départements français de l'Outre-mer, en panne d'idées ou plus simplement dans le cadre de leur orientation professionnelle.
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1. Pépinières
Pas d'agriculture raisonnée sans pépinières dignes de ce nom : c'est ici qu'il s'agit de sortir de l'amateurisme et de ces activités dites "informelles" car incompatibles avec toute notion de développement économique durable. Le fait est que rares sont les Africains ne disposant pas d'un bout de terre quelque part, notamment dans les campagnes.
Prenons un petit hectare de terre modérément arrosé ; on l'équipe d'une clôture et l'on installe des protections pour préserver les plants de bambou de divers animaux herbivores. Mais on peut aussi débuter dans un simple hangar avec des graines plantées en pots. Par la suite, les clients viendront s'approvisionner en plants de bambou de tous âges, ce qui ne pourra que leur faire gagner du temps.
Dans une pépinière, la clientèle doit aussi pouvoir se procurer des semences, conditionnées généralement en sachets de graines prêtes à l'emploi.
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2. Exploitation
Faire pousser du bambou en pépinières est une chose ; il faut ensuite le récolter puis le stocker afin de le faire sécher, ce qui va donner lieu à un calibrage précis selon l'espèce, la longueur des tiges, leur diamètre.
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3. Environnement
Rappelons que le bambou, ressource renouvelable à croissance rapide, peut fixer 30% de plus de CO2 que les arbres feuillus (jusqu'à 12 tonnes de CO2/ha/an en comparaison des 3 tonnes pour une forêt de feuillus) et libérer 30% de plus d’O2. La quantité de matière organique produite par une bambouseraie augmente de 10 à 30% par an, contre 2 à 5 % pour une forêt. Et, compte tenu de sa croissance rapide, il est le végétal par excellence adapté à toutes les situations d'urgence comme la stabilisation des berges d'une rivière, la dépollution d'un ancien site industriel, l'apport d'ombre pour réduire l'ensoleillement et combattre la canicule sur un site touristique...
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4. Énergie
L'idée est de commercialiser du bambou sec, prêt à l'emploi comme bois de chauffe. Les pays dits du Tiers-monde sont réputés pour leur grosse population paysanne, laquelle est une grosse utilisatrice de bois pour les besoins de la cuisine, ce qui se traduit par des heures de marche par monts et par vaux pour glaner des branchages ici ou là, quand on ne s'attaque pas directement à la forêt avoisinante, au point de l'anéantir en grande partie, parallèlement aux besoins d'une agriculture intensive, comme cela s'est produit à maints endroits, comme en Indonésie pour la culture du palmier à huile. Et c'est ici que le bambou (sec) peut offrir un excellent succédané au bois de chauffe qu'il remplace avantageusement, et ce, d'autant plus que les paysans auront cultivé des bambouseraies à portée de main.
Cela dit, dans l'absolu, l'idéal serait d'éliminer définitivement tout bois de chauffe, de manière à réduire au strict minimum les émanations de gaz polluants à l'échelle de la planète, et cela passe par le développement des fours électriques/solaires, par exemple !
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5. Alimentation
Les pousses de bambou se mangent très bien. Pour s'en convaincre et en convaincre amis et entourage, il suffit de s'en procurer en conserves, puis d'essayer de faire la même chose, et pourquoi ne pas s'associer à des cuisinier(ère)s et organiser des dégustations sur les places de marché ? Moins de deux semaines suffisent pour récolter les premiers plants. Le produit devrait s'écouler assez facilement auprès des restaurants et hôtels, asiatiques ou non, ainsi que des marchés et sites touristiques (campings).
En ce qui concerne la présentation, le protocole le plus économique et le plus efficace d'un point de vue écologique (faible poids pour le transport) est le conditionnement en poche plastique - pourquoi pas biodégradable ? - sous vide comme représenté ci-dessous. Par ailleurs, d'un point de vue purement gastronomique, les pousses de bambou ne pourront que très utilement enrichir une cuisine traditionnelle africaine trop souvent pauvre en légumes.
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6. Architecture
Que dire des utilisations du bambou en architecture, sinon qu'elles ne trouvent leurs limites que dans l'imagination des créateurs ? Le plus incroyable tout de même étant qu'un matériau aussi bon marché et au rapport qualité/prix tout simplement imbattable soit ostracisé par tant de pays dits "émergents" ! Il faut sans aucun doute y voir le poids d'une architecture coloniale enseignée dans les pays de l'hémisphère nord et exportée ensuite vers les anciennes colonies...
Toujours est-il que, dans les pays dits du Tiers-monde, le rêve de bien des élites est de s'offrir des maisons "en dur", c'est-à-dire en ciment ou en béton, par simple imitation des modèles européens et nord-américains, même si cette architecture riche en vitrages - donc très onéreuse - génère de l'effet de serre à l'intérieur des habitations - d'où le recours aux climatiseurs - et est, par conséquent, peu adaptée aux pays chauds, sans oublier son extrême dangerosité en zone sismique (cf. les derniers séismes à Haïti et au Népal) ! Et pourtant, si les élites, notamment africaines, étaient mieux informées, elles sauraient que même dans les pays les plus industrialisés (ex. Japon), il existe une architecture faite de matériaux naturels et peu transformés comme le bois et le bambou, ce dernier pouvant être produit localement, voire en interne, d'où un coût quasi nul.
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7. Équipements
Adduction d'eau, passerelles, ponts, pontons, jetées, paravents, clôtures, charpentes, menuiserie, vérandas, revêtements de sol, toitures, échafaudages..., autant de domaines dans lesquels les artisans et techniciens asiatiques excellent et ont fait des émules un peu partout, sauf en Afrique !
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8. Décoration
Pour débiter de fines lamelles de bambou de quelques millimètres d'épaissenr et suffisamment longues pour réaliser ce genre de lampadaire, il faut disposer d'une bonne technique et de quelques outils indispensables, ainsi que d'une forte dose d'imagination.
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9. Menuiserie
Et dire qu'avec un peu d'imagination..., on peut aussi créer des meubles en bambou pour pas cher du tout ! Et, compte tenu de la facilité avec laquelle cette plante se cultive, n'importe quel menuisier africain, antillais, guyanais, réunionnais... pourrait disposer de sa propre plantation, ce qui rendrait la matière première quasiment gratuite.
Là encore, l'exemple vient d'Asie. |
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10. Jouets
Les jouets étant des meubles et des objets de décoration comme les autres, il n'y avait aucune raison pour qu'ils ne soient pas aussi réalisés en bambou. Nous savons qu'en Afrique, les enfants sont habitués à réaliser eux-mêmes leurs jouets. Alors, pourquoi pas en bambou ? Quant à la fabrication artisanale voire industrielle de ces objets, il semble que le bambou offre, par ses qualités écologiques ainsi que de souplesse et de résistance, une alternative plus qu'intéressante au bois et au plastique. |
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11. Arts
Dans le droit fil de ce qui précède, les instruments de musique ne sont-ils pas, à la base, des jouets ?
Il se trouve que la flûte est l'un des plus anciens instruments de musique à vent, ce qui veut dire que ses inventeurs ne disposaient pas de gros moyens techniques, ce qui n'est plus tout à fait le cas de nos jours.
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12. Paysagiste
Voilà un métier inconnu sous nos climats, avec son alter ego : urbaniste. Paysagistes et urbanistes créent les décors modernes dans lesquels les humains organisés en cités vont pouvoir vivre en harmonie avec la nature environnante, de manière à donner aux villes un aspect plus humain et moins robotisé, tout le contraire de ce qu'on peut observer actuellement dans ces immenses camps de concentration que sont devenues les mégapoles modernes, notamment dans le Tiers-monde.
L'urgence en Afrique ? Repenser les villes en sortant de l'ancienne logique coloniale : un centre-ville administratif (la ville des colons européens), entouré de gros villages peuplés d'indigènes et progressivement prolongés par des bidonvilles.
Ceux et celles qui connaissent Paris savent reconnaître instantanément les quartiers qui font la célébrité de cette ville dans le monde, quartiers (pour simplifier, autour des quais de Seine, depuis Notre-Dame vers Neuilly-sur-Seine en débordant sur les grands boulevards) que l'on doit au préfet Eugène Haussmann et à ses paysagistes et urbanistes qui ont créé le style "haussmannien" : larges avenues, immeubles en pierre de taille ne dépassant jamais six étages, façades décorées, balcons ajourés, etc.
Cela dit, en matière de conception de paysages, le nec plus ultra est certainement représenté par les formidables réalisations des architectes et paysagistes de Louis_XIV, au sein desquels on retiendra les noms de Hardouin-Mansart, Le Brun et Le Nôtre.
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13. Polyvalence
Le bambou transformé est utilisé en :
- horticulture (haies de jardin, protège-vent, palissades, tonnelles),
- textile (dont un tissu extrêmement doux, absorbant et antibactérien),
- alimentation (pousses),
- loisirs (canne à pêche, arc, bâtons de ski, voiliers, catamarans...),
- cosmétiques,
- pâte à papier (il produit six fois plus de cellulose que les pins à croissance rapide),
- bois de feu (charbon de bois),
- médicaments (contre l’asthme et les maladies respiratoires),
- ampoules électriques,
- instruments de musique (flûtes, anches, touches de piano),
- accessoires divers (ombrelles, peignes, chapeaux, bijoux, sandales, valises), essence, diesel...
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14. Imagination
C'est peut-être par-là que l'on aurait pu commencer ; il est vrai qu'il y a été fait mention à diverses reprises.
Il se trouve que, bien souvent, les questions de pauvreté et de sous-développement ne sont pas liées à un manque de ressources (voyez ces pays, tels le Nigeria, gorgé de pétrole brut, mais pauvre en carburant, pour cause de manque de raffineries, les habitants étant parfois amenés à siphonner clandestinement des pipe-lines, au prix de catastrophes toujours meurtrières.). Même observation avec le bois, le coton...
Peut-on et doit-on tout expliquer par le manque d'imagination ?
Manque d'imagination de la part d'élites diplômées ? On a du mal à le croire. Parce que, même sans imagination, il suffirait de regarder ce qui se fait déjà ailleurs, comprenez : ce qui se fait d'intelligent ailleurs. Par exemple ?
Il existe à Noirchain, près de Mons (Belgique), une pépinière baptisée Bambouwallonie, anciennement appelée Houzeauana, en hommage à Jean HOUZEAU de LEHAIE, qui fut un pionnier en la matière, lui qui, dès la fin du 19ème siècle, explora le monde et rapporta des contrées lointaines une multitude de spécimens de bambous mais aussi d'orchidées, qui firent le bonheur de nombreux amateurs de plantes rares.
Il nous reste, en ce premier tiers du 21ème siècle, à faire au moins aussi bien que d'autres il y a plus d'un siècle ! |
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(Lecture)
Liens
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